30 avril-3 juin 2018 Me voici toujours seul, on est le 30 avril et l’hiver perdure, le froid est toujours présent. J’en ai marre du ber, j’ai le mal de l’air, je veux sentir ma quille glisser dans l’eau et mes voiles se gonfler… Vous revenez quand les amis ? Deux jours plus tard, le soleil réchauffe mon pont…enfin ! C’est une belle journée qui s’annonce. Ca se confirme lorsque je vois débarquer mon Commandant en famille avec pleins de nouveaux jouets pour mon pont. Ma Capitaine arrivera le lendemain, également en famille. C’est bon de ressentir à nouveau du monde sur mon pont et qu’on s’occupe de moi. Ca en fait pas mal de nouvelles choses quand même ... A savoir que nous avons des cadres inox avec leurs supports pour mes nouveaux panneaux solaires, un radar avec également son support et un régulateur d’allure, plus quelques bricoles … j’ai pas vu tout ce qu’il y avait dans leurs cartons ! Autant vous dire que ça leur a pris du temps à mes deux matelots pour installer tout ça. Les panneaux solaires ont bien pris 4 jours de réflexion, de soudure, de bricolage… ah oui mon commandant s’est mis à la soudure… Et c’est pas gagné ! Qu’il fasse ce qu’il veut avec ses baguettes mais qu’il ne touche pas à ma coque ! En vrai il a bien galéré au départ mais a bien rectifié le tir. L’idée initiale des supports de panneaux solaires était de fixer un mât inox d’1m50 sur le balcon arrière à tribord et babord avec en tête la possibilité d’orienter les panneaux à 360° tout en pouvant les incliner. L’idée de départ, il me semble, était bonne mais il a oublié l’inclinaison de mes balcons. Une fois en place on pouvait me comparer à une base d’écoute militaire. Deux paraboles pointaient vers l’extérieur, je suis ravis qu’il ait avorté le projet !!! D’autant plus que la prise au vent de chaque panneau devenait importante et la solidité du balcon était remise en question. Finalement, les panneaux sont fixés au bimini par un système permettant de les retirer en moins de 5 min afin de tout replier. Quatre barres inox reliant l’arceau arrière et central du bimini permettent aux panneaux de se poser dessus. Ces barres munies d’une goupille à une des deux extrémités peuvent être rabattues rapidement sur un des arceaux. Vous l’avez compris, la clé de l’astuce réside dans la goupille. Les panneaux quant à eux sont glisses dans trois coins, magnifiquement collés et cousus sur le bimini par ma capitaine, et fixés au niveau du quatrième coin par une vis scaphandrier passant à travers d’une barre. Si si c’est bien une vis scaphandrier, bon certes elle n’était prévu pour ça à la base et il faut une bonne dose d’imagination mais bon… ! Il lui en a fallu de l’imagination aussi pour le système du radar. L’idée est de le poser sur le pataras (hauban ou câble reliant le haut du mât à mon arrière) tout en laissant libre celui-ci de se tendre ou détendre. L’idée du pataras n’est pas de mon équipage mais le système, oui. Alors pourquoi ce système et pas tout simplement la pose de mon radar sur le mât ou le portique ? Sur le mât, ils ne voulaient pas me percer et donc me poinçonner. Suite à des recherches, ils en ont déduit que le mât pouvait se fragiliser à cette zone de radar. Certains démâtages montrent bien que ça casse à cet endroit. Mais alors pourquoi pas sur les barres de flèches ? Les barres de flèches (8m au dessus de l’eau) sont trop hautes. Une hauteur comprise entre 4 et 6 mètre au dessus de l’eau peut largement suffire pour un radar. Sur les barres de flèches, on y verrait certes loin mais pas suffisamment proche (bouée, casier..). Et plus le radar est haut, plus il est sensible aux mouvements du bateau. Quant à une fixation sur le portique, il n’aurait pas était possible de centrer le radar et celui-ci aurait fait trop d’ombre aux panneaux. A noter que le radar Quantum ne produit pas d’ondes comme les anciens radars, il n’en émet pas plus qu’un téléphone portable ce qui ne pose pas de souci même en étant installé juste au dessus de mon équipage. La pose le long du pataras c’est donc avérée être une bonne alternative. Surtout que le système permet au radar de pivoter en fonction de ma gîte. La pièce « maître » c’était celle-ci (voir ci-dessous) mais au final elle ne ressemble plus du tout à ça et si mon commandant ne l’avait pas percé pour rajouter des renforts je crois que mon nouveau jouet n’aurait pas fait 1 mile nautique. . A l’intérieur de ces deux pièces se glisse deux autres pièces plastiques (G-fil de Emotion Tech) imprimées en 3D dans lesquelles vient coulisser le pataras. Oui oui… imprimées en 3D, j’ai un truc de ouf installé dans ma cabine avant qui imprime des objets !! Sur la pièce inox du bas est soudé un axe autour duquel le radar pivote. Partent ensuite deux bouts, un vers bâbord (gauche en regardant vers mon avant) et l’autre vers tribord (l’opposé de bâbord…ben oui !! ) afin de régler l’inclinaison. L’ensemble du support est maintenu verticalement par un tube inox fixé au pont. Le tout fonctionne et semble solide, il ne reste plus qu’à tout surveiller quelques temps et peut-être changer le plastique d’ici quelques mois. Pendant que mon commandant s’amuse avec ses barres à inox, ses soudures, et se bat avec l’imprimante 3D pour qu’elle lui obéisse, ma capitaine s’initie à la plomberie. En effet le débit d’eau amené par la pompe à eau douce devient de plus en plus faible, jusqu’à n’être plus qu’un mince filet d’eau. Certes s’est bien pour économiser l’eau mais franchement pas pratique ! La première hypothèse, vu que la baisse de pression concerne le robinet de l’évier et celui de la salle de bain c’est que le problème vient de la pompe. Après quelques contorsions dans mes fonds celle-ci est démontée : euh, bah, y a pas l’air d’avoir grand-chose… c’est propre pas de calcaire ou autre … bon elle est peut être fatiguée on va la changer. Changement de la pompe : mmh ça ne change rien au débit ! Entre temps un de mes réservoirs s’est vidé dans les fonds suite à la remise en fonction de la pompe à pied qui fuit abondamment … Ça aura le mérite de laver et dessaler mes fonds ! En désespoir de cause ma capitaine s’attaque au démontage des robinets même si ça parait bizarre que les 2 robinets dysfonctionnent en même temps … Et là surprise, plein de petits bouts de plastique transparent, résidus de la réfection des joints de réservoirs, bouchent le robinet de la cuisine ! Une fois nettoyé est remonté victoire le débit est redevenu normal ! Un peu rageant que ça soit juste un problème de robinet encrassé quand on a passé des heures toute tordue la tête dans les fonds ! Bon dans la salle de bain le mystère perdure, rien dans le robinet et le tuyau semble réglo, en plus l’eau chaude arrive bien mais l’eau froide galère … Mais au final le changement de la pompe à pied défectueuse permettra d’avoir un débit correct en pompant, et sans inondations maintenant. Au final on a une pompe à eau douce électrique de rechange maintenant ! Ma mise à l’eau est proche. L’antifouling (peinture sous la coque évitant aux algues de s’accrocher) est étalé et ma nouvelle capote de descente est en place. Mon équipage va enfin pouvoir se protéger du vent, des embruns…et voir à travers. En plus sa couleur beige-sable est assortie à mes antidérapants, quelle classe ! Ca y est on est le 24 mai, jour de la mise à l’eau. Ahhh ! C’est agréable de flotter, mais c’est frais !! Quelques jours passent le long du quai de Navy Service mais ici je ne peux pas être amarré poupe (arrière du bateau) à quai, le port de Port Saint Louis du Rhône sera donc plus propice à l’installation de mon régulateur d’allure. Un régulateur d’allure ? Quésaquo ? Une allure sur un voilier ne correspond pas à une vitesse mais au positionnement du bateau par rapport au vent. Le régulateur d’allure me permettra donc de me maintenir à un angle fixe par rapport au vent. Ce qui veut dire que si le vent tourne, je tourne aussi. A l’inverse du pilote automatique le régulateur d’allure est entièrement mécanique. Le modèle Joshua de la société Cap Horn basé au Canada est tout en inox. Exception faite pour la pâle dans l’eau faite de bois et l’aérien de petit temps en toile de spi (spi = grande voile légère, généralement colorée, utilisée pour les allures portantes donc vent arrière). L’absence d’électronique est un avantage indéniable, cependant l’ensemble du mécanisme prend une petite place sur ma jupe arrière. Mais je pense que ce léger désagrément sera vite oublié !! D'autant que l'ensemble du régulateur nous permet de naviguer la barre franche relevée ! Et ça! ça change la vie de mon équipage! Apres presque 3 semaines sur ber et à distance de tout commerce, l’ambiance du port est agréable. Cette zone portuaire est aussi une zone d’échange entre le Rhône et la Méditerranée. L’écluse et son pont levis permettant aux énormes péniches et autres de converger entre ces deux étendues d’eau rythment le quotidien et nous amènent des voisins de toute l’Europe ! Un mois est passé depuis nos retrouvailles, j’ai hâte de filer. Le 2 juin, mon équipage remplit mes soutes et mes réservoirs … mmmh bon signe ça ! Dimanche 3 juin, on hisse mes voiles. Je respire. Direction les Baléares. Merci pour la lecture , n'hésitez pas à commenter .
A bientôt pour le sud et bon vent !
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