Du 10 aout au 27 aout 2018 Le port d’Alcaidesa est notre point de chute. Nous restons dans la partie Espagnol afin de s’épargner quelques démarches administratives. A 5 minutes à pieds de Gibraltar, cette marina à prix tout à fait raisonnable pour mes 11m70 nous convient parfaitement (20 euros en haute saison !). D’après les conditions météo, le passage du détroit se fera dans 3 jours, ce qui laisse à mon équipage un peu de temps pour le tourisme... Gibraltar vient de l’arabe, « Djebel Tarik », « Le Mont de Tarik ». Le chef Tariq ibn Ziyad y établit une tête de pont en Europe, donnant son nom au rocher lors de la conquête musulmane de l'Espagne wisigothique au XIII siècles. De nos jours,suite à un référendum en 1967 ce petit bout de continent appartient au Royaume-Uni. La frontière entre l’Espagne et l’Angleterre est délimitée par la piste d’aéroport que l’on traverse à pied ou en voiture. Sensation plutôt étrange que de se retrouver au beau milieu d’une piste ayant comme extrémités la mer ! Une fois de l’autre côté, les ruelles ne ressemblent pas à celles des mois passés. La « British-touch » est bien présente. L’emblématique cabine téléphonique rouge, les bus deux étages et les pubs font parti du décor. Quand on pense à Gibraltar, on imagine avant tout son splendide rocher visible à des milles (sans brouillard !!). Haut de 426 mètres, la montée se mérite et les nombreux petits chemins durant l’ascension n’hésitent pas à semer le doute à chaque croisement. L’autre option consiste à emprunter le petit mais bien rempli téléphérique pour la modique somme de 15.5 livres par personne (18 euros) !!! Notre choix c’est vite tourné vers l’option « marche». Ca monte raide et il fait chaud ! Les pauses jusqu’au sommet deviennent vite instructives. Chargé d’histoire, Gibraltar regorge de musées et de bastions. L’emplacement géographique et la hauteur du rocher est d’un point de vue militaire hautement stratégique. A ses pieds,la platitude des plaines et de la mer lui donne un air souverain. Lors de nombreuses guerres, il fut utilisé comme forteresseet subit plus de quatorze sièges.Pendant la guerre d’Indépendance américaine, la France et l’Espagne tentèrent de reprendre le Rocher des mains des Britanniques en assiégeant la forteresse. Pendant Grand Siège, qui dura de juillet 1779 à février 1783, 18 hommes creusèrent un tunnel de 2,40 m de large sur 25m de long dans le Rocher à la demande du Général Eliott en seulement 5 semaines. En 9 mois le tunnel faisait 113 mètres de long, les ouvriers chargés de creuser comptaient uniquement sur la force de leurs bras, leurs compétences avec une masse et un levier et utilisaient également la poudre à canon pour les explosions. Il est intéressant de comparer ces chiffres avec le record d’une compagnie de construction de tunnels mécanisée pendant la Seconde Guerre Mondiale qui, en une semaine a parcouru 55m. Arrivé au sommet la vue est saisissante, l’air plus frais et les macaques bien présents ! Oui oui des macaques de Barbarie ou magots, et ce sont les seuls d’Europe à l’état « sauvage ». Selon la croyance populaire, Gibraltar demeurerait sous l'autorité britannique tant que des magots existeraient sur ce territoire. C'est pourquoi, en 1942, la population de magots étant tombée à quatre individus à cause d'une maladie, le Premier ministre du Royaume-Uni, Winston Churchill, ordonna de la reconstituer sur-le-champ en puisant dansles forêts du Maroc et de l'Algérie. Entre vestiges, canons et magots la visite des hauteurs ne manque pas d’intérêts. On emprunte les Marches de la Méditerrané afin de regagner la rive, ce sentier s'étend principalement le long du côté Est du Rocher, à flanc de falaises. Un peu plus bas, la vue sur le Détroit et l’Afrique du Nord laisse place à un maquis bien dense. Nous revoilà presque au niveau zéro. Si vous êtes comme mon équipage habitués depuis plusieurs mois aux heures espagnoles n’essayez pas de trouver un resto après 20h … tout est fermé ! Y a plus qu’à passer de l’autre coté de la frontière. Les 3 jours touchent à leur fin, la fenêtre météo se confirme. Demain, les amarres seront larguées. Quatre heures trente, le réveil sonne, les yeux piquent. Trente minutes plus tard le port est derrière nous. Devant nous les cargos rendent notre navigation nocturne douteuse, les lumières de ponts sont nombreuses et perturbent nos repères. A l’inverse, certaines embarcations légères et rapides n’en ont pas… ! Mais que font-ils… ? Le courant est légèrement contre nous, comme prévu. D’après les différentes conversations et lectures de guides, le meilleur moment pour entamer le passage du détroit débuterait 3 heures après la pleine mer. Mon équipage suivant ces bon conseils devrait alors rencontrer un courant favorable à partir de Tarifa. La faible brise prévu est bien présente, et très peu accentué malgré l’effet venturi du passage. Pour des raisons de sécurité, je reste au moteur. Sur la carte et le GPS la route est bien matérialisée par une ligne située entre la côte et le chenal des cargos. Attention tout de même à ne pas trop se déporter à gauche ou à droite les filets ou les cargos ne vous épargneront pas.... Le vent n’étant pas très favorable à ma progression, mon équipage alterne moteur et voile afin de garder une moyenne de 5 nœud et espérer rejoindre la baie de Cadix avant la nuit. A 21h et 80 miles plus tard, mon ancre chatouille enfin le sable de la plage la Puntilla tout proche de la marina Puerto Sherry. La baie peu profonde mais relativement bien abrité, sauf du Sud, nous offre une bonne accroche sur le sable. Aude et Fab me laissent alors à mes occupations et en profitent pour visiter les environs et notamment Cadix. Fondée il y a 3000 ans par les Phéniciens, Cadix est la plus ancienne cité d'Occident. Les différents peuples qui s'y installèrent laissèrent leur empreinte culturelle dont l'influence marque encore aujourd'hui le caractère des habitants de Cadix. Cette péninsule, en pleine côte atlantique andalouse, a su conserver un riche patrimoine historique, fruit de son importance commerciale. Sur ce bout de terre l’eau nous entoure… enfin presque ! Et une douceur de vivre se fait agréablement ressentir. A 20 minutes de Cadiz par navette maritime, Puerto Sherry est une petite marina calme à 28 euros la nuit. Réservée avec Navily, mon équipage me dégote une petite place pour plusieurs jours . Parait-il qu’il souhaite prendre des vacances ! Oui oui des vacances dans leurs vacances !!! Tsss… Et en plus, ils en profitent pour me tromper avec une espèce de roulotte qu’il nomme encore « Kawamobile » … ! Bon beh filez bande d’ingrats je peux me débrouiller sans vous ! La « Kawamobile » récupérée et les coussins de mon carré à l’arrière, les voilà en piste. Une heure plus tard la belle Séville leur ouvre ses portes. Quatrième ville d’Espagne, l’histoire ne l’a pas ignorée. De splendides bâtiments architecturaux, comme la Giralda, l’Alcazar ou la Plaza de Espagne font de cette ville une incontournable Andalouse. Le quartier Santa Cruz, avec ses ruelles pavées et ses patios généreusement fleuris, prêtent gaiement à la balade et à la détente. L’esprit « Andalou » prend ici tout son sens et il n’est pas impossible d’entendre une guitare surgir de nulle part. Notre prochaine étape se déroule dans la célèbre ville fortifiée de l’Alhambra, proche de Grenade. Premier site visité d’Espagne, il reste incontournable. L’Alhambra est une ville formée par un ensemble de palais, jardins et forteresse défensive qui forment un tout et dont le nom n’est pas tout à fait clair. Une théorie expliquerait que l’Alhambra vient du mot arabe “Al-Hamra» qui signifie «château rouge» d’après son argile ferrugineuse utilisée pour la construction des tours et des murs. Les palais de l’Alhambra ont été construits par les rois les plus célèbres de la dynastie Nasride ( IXe siècle). Après la conquête des chrétiens, les Rois Catholiques préserveront l’Alhambra. Les murs sont recouverts de céramique ou de plâtre, une décoration riche et exquise, afin de dissimuler la pauvreté des matériaux utilisés. On y retrouve beaucoup de décorations calligraphiques dans laquelle on lit les mots de Zawi Ben Ziri, le fondateur de la dynastie des Nasrides, mais aussi des poèmes de différents poètes de la cour. L'eau des jardins donne à la végétation une luxuriante exubérance et forme l'élément décoratif le plus important. L'eau apparaît partout: dans des bassins, des fontaines, des jets d'eau et d'autres engins qui la font vibrer en ondes ou la reflètent. On retrouve également sur les murs des vers mentionnant la beauté du jardin, décorés avec des dessins floraux abstraits les nuances de couleurs font saillir la lumière entrante de l'extérieur. Les lieux sont splendides et malgré le monde on ne s’en lasse pas ! Par contre prévoyez la journée si vous voulez prendre votre temps. Toujours proche de Grenade, la ville de Guadix ne manque de surprendre mon équipage. Vous connaissez les Cuevas ? Non ? Faisons un petit voyage dans le temps… Imaginez vous il y a 2 millions d’années…oui…oui… ça fait loin hein !? Si vous vouliez une maison, alors soit vous trouvez une grotte soit vous creusez la terre afin de vous en faire une et ben les gens de Guadix choisissent de creuser … ! Autour de façades plus ou moins classiques se trouvent des maisons mais sous terre. Le paysage surprend, les cheminées blanches sortent du sol, les chemins passent par les toits. S’il n’y avait pas toute cette aridité on se croirait chez les Hobbits. Mais une fois à l’intérieur l’air frais est agréable. Parait que la température reste toute l’année à plus ou moins 20 degrés. Plutôt cool hein ?! Sans jeux de mots bien sur ! Ce village troglodyte mérite bien un détour et les locaux sont ravi de vous faire visiter leur pittoresque maison. Cette petite visite s’achève et libère une envie de grandeur à mon équipage. La Kawamobile se dirige vers Gorafe et les routes désertiques se succèdent. D’un coté la Sierra Nevada, de l’autre des étendus plates et arides. Le principal attrait de Gorafe se découvre à travers les 198 dolmens disséminés en 10 nécropoles, qui font d’elle la plus grande concentration de tumulus préhistoriques d’Espagne. La raison de cette abondance est que le ruisseau de Gor est une dépression naturelle située dans un couloir géographique très fréquenté pendant la Préhistoire, frontière entre les groupes tribales levantins et ceux de la basse Andalousie qui occupaient cette zone au Ve millénaire avant J.C. Les peuples néolithiques qui s’installèrent ici formaient une société complexe, hiérarchisée et avec une économie de type agropastorale. Ils vivaient dans des maisons excavées dans les versant ou dans des constructions en pierre avec des toits en branches, et ils enterraient leurs morts à l’intérieur des dolmens. Eux pour le coup ne creusaient pas la terre… La plupart des Dolmens sont en piètre état mais quelques-uns méritent une visite surtout quand on imagine le poids de ces pierres. Cependant demandez une bonne carte au comité du tourisme… certains ne sont pas faciles à trouver. Par contre si vous vous perdez vous aurez peut être la chance de tomber comme nous sur des framboises sauvages au décours d’un petit bain dans le Gor ! Le point de vue sur la Vallée du Gor avant de descendre au village est splendide ! Y passer la nuit est encore mieux. Prenant la direction du Nord, mon équipage arpente avec prudence les pistes cendrées du désert de Gorafe . Plus on avance et plus le paysage prend des air de Colorado. La Kawamobile n’en mène pas large, mais se débrouille bien avec ses grandes roues. Le paysage est époustouflant, mon équipage ne s’attendait pas à une vision tant désertique. Du blanc, du gris, du rouge, les brindilles se font rare. C’est beau ! La Kawamobile a trouvé ses limite, une descente en dévers sur de la cendre entre ornière et surplomb met KO mon équipage ! Ils renoncent et rebroussent chemins. Quelques heures plus tard,au pied de la Sierra Nevada, les villages de la vallée d’Alpajurra se détachent de la verdure. Principalement blanc, ils prennent des allures berbères. Pourtant touristique en hiver grâce à leur station de ski, il semblerait que le tourisme estivale soit en voie de disparition… Entrer dans un bar ou se balader dans la rue étonne les villageois à en croire leur regard. La route de mon équipage continue cap plein Est et rejoint des villages d’un tout autre type. Ici un Colt à la ceinture est de rigueur si tu tiens à ta vie ! De nombreux Western Spaghetti y ont été tournés et le village Texas Hollywood reste un des seuls « village décors » encore utilisé… Une fois dans le parc, on s’y croit sans hésitation. De la National Bank au Saloon, du Barber-shop au Ranch, du Fort Bravo aux tentes Indienne en passant par le Cartel…le décor est absolument saisissant. Ce petit voyage dans le temps mérite vraiment une visite surtout quand des acteurs braquent la Bank façon « Il était une fois dans l’Ouest » ! Les vacances dans les « vacances » touchent à leur fin et mon équipage décide enfin de me retrouver. Pour fêter ça ils m’offrent une belle batterie Lithium Lifepo4 200ah reçu à la marina. Les anciennes batteries gels ne tenaient plus la charge depuis plusieurs semaines. Quant à la décision de prendre une Lifepo4, il faut dire qu’elle fut longuement réfléchie vu le côut de ces batteries. Mais leur longévité, la possibilité de recharger via l’alternateur à plus de 40ah , le gain de poids et la stabilité de tension même lors d’une décharge profonde est vraiment un plus. Elles stockent 3 fois plus d'énergie pour un poids identique qu'une batterie plomb. Elles sont deux fois moins encombrantes. Elles restituent toute l'énergie qu'elles ont stocké quelle que soit la vitesse de décharge contrairement aux batteries plomb qui ne restituent que la moitié de sa capacité lorsque la décharge s'effectue en 1 heure. Et contrairement à d’autre technologie lithium, la technologie Lifepo4 est totalement sure. Elle n’explose pas ou ne s’enflamme pas, ce qui me rassure pas mal !
Cependant, en plus d’un cout plus élevé, la pose demande l’installation conseillé d’un BMS qui a pour rôle de protéger contre la surtension, la sous-tension et la surchauffe des cellules de la batterie. A cela vient s’ajouter la nécessité de couper toute charge une fois celle-ci proche de 100%. Oui, quoiqu’on dise et suite à de nombreuses recherche et discussion, les batteries Lithium n’aiment absolument pas le floating. Le floating consiste à maintenir une batterie chargée mais avec une tension inférieure à celle de charge. Cela est nécessaire pour une batterie au plomb, mais absolument pas pour du Lifepo4 au risque de réduire considérablement sa durée de vie. (Voici un des lien qui m’a été très utile : https://marinehowto.com/lifepo4-batteries-on-boats/) Donc gare au floating ! Cette installation a occupé un bon moment mon Commandant qui malgré ses quelques compétences en électricité s’est retrouvé désemparé devant un alternateur qui ne fournissait que 20A. Après de longues heures à mesurer tensions et ampérages, il s’avère qu’un de mes coupes batterie agit comme une résistance !! Une fois celui-ci shunté la batterie se recharge à la vitesse folle de 35-40Ah !Y a plus qu’à changer le coupe-circuit. Merci pour la lecture et bon vent ! Pssst....la suite arrive dans quelques jours....et pas dans 6 mois! Promis !
2 Commentaires
Fab
26/6/2019 23:36:45
Elle n'a pas apprécié que je prenne le dernier tacos...! Mouias...pas facile la vie à bord!!! ;-) Mais fait pas trop le malin je viens de voir que "Mme La Baronne" vient de retrouver Maesha , alors gare à tes fesses !!! Bises à vous deux et bonnes nav !
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