16 juin au 24 juin 2018 Suite à cette escale Mahonnaise, on continue notre croisière en reliant la baie de Mahon à la cala de los Coves. Les voiles bien bordées je remonte à 35 degré du vent réel tout seul, comme un grand. Notre sillage multiplie les Z. Notre Passage entre la Punta Marbres et l’Isla del Aire se fait en cinq bords de près. On souhaitait pourtant le passer en deux ! Les 5 mètres de fonds de sable entre les deux donne à l’eau un intense bleu turquoise. A 21 h mes 2 ancres m’alignent face à la houle dans la cala de los Coves. La cala en forme de « Y » tient son nom des 150 grottes avoisinantes, dont certaine furent occupées pendant la préhistoire. Les parois particulièrement à pic de part et d’autre de la crique rendent le mouillage splendide. Il est d’ailleurs considéré comme l’un des plus beaux des Baléares. Ouvert au Sud et Sud-ouest le fond de 3-5m est surtout rocheux, mais quelques zones de sable sont bien visibles. Attention à ne pas ancrer dans la posidonie. Le vent ayant tourné le lendemain, on décide de replacer mes 2 ancres. Suite à 2 échecs d’alignement, le commandant du Gabian nous propose son aide afin de positionner ma poupe ( arrière du bateau ) face à la roche maintenu par des amarres. On refuse, on hésite…aller on le tente ! Après tout si on n’essaye pas un jour…d’autant plus que le Commandant Gabian, avec sa barbe de Capitaine Haddock J, est là avec son annexe pour nous passer l’amarre. Si tu lis ces lignes, chère Mr Gabian sache que tu as enlevé une belle épine du pied à mon équipage, qui, depuis utilise régulièrement ce type d’amarrage. Bon vent à toi ! La mer est belle, Aude et Fab profitent de cette fenêtre météo pour longer à dos de « paddle-yak » le front de mer. La cote est franche, les falaises sont éventrées et les vagues qui viennent s’y engouffrer produisent un fracas guttural. Les entrailles parlent. Deux miles à l’Est de la cala un escalier se détache de l’escarpement. En permanence au niveau de l’eau, prendre de la hauteur fait du bien. La vue est saisissante. Autour de moi, les pentes rocheuses ressemblent à du bon gruyère. La calanque cala Coves est en fait une nécropole. Un ancien cimetière datant de l’âge de fer. Pas moins de 100 grottes artificielles existent dans les deux falaises. Cet endroit est chargé d’histoire, il fut habité par les Romains et dans les années 1960 par une communauté hippie. Certaines sont encore habitées. Bien amarré dans cette magnifique crique, on hésite à se laisser porter vers l’Est. Et pourtant le vent restant Nord les prochains jours les abris à l’Est de Minorque pourraient nous accueillir. Notre décision est prise. Les tours-morts et les demi-clés de mes amarres sont détachés. Je suis libre. Le vent que je remonte suit la côte. En un bord, je tire à l’Est puis au Nord. L’équipage est ravi. Après 20 jours de mouillage, le port de Ciudadella me tente bien. Sur les 2 marinas, la seule disposant de place nous fait une belle offre à 120 euros la nuit !!! Ils sont fous ces Minorquois !! « Kawâne je crois qu’il y a une crique sympa à coté ». Nous voici à la cala Santadria, mon ancre sur le sable et mes amarres bien tendu vers la roche. La houle résiduelle nous vient de face. Tout va bien. L’endroit est splendide, le sable et la roche donnent à l’eau une transparence incroyable. Notre nouvelle piscine se prête aux activités nautiques. Le « paddle-yak » gonflable se transforme en planche en voile. La planche bien large (10.6) semble parfaite pour débuter. Bien sur, pour remonter le vent c’est pas encore ça mais ça viendra… heureusement Kawanou (l’annexe ) est là pour les ramener vers moi. Autour de moi les baigneurs gargouillent, il y en de plus en plus. Certaines, oui certaines se plaignent de mes amarres…comme quoi j’ai pas le droit d’être là…patati…patata… Ce qu’ils ne comprennent pas c’est que je suis entre les 2 zones de baignades mais pour eux il ne s’agit que d’une seule…Mais ma pauvre dame si vous vous voulez pas passer sur ou sous mes amarres par peur de vous mouiller les cheveux alors je vous propose de passer devant ! Merci, bonne journée ! RRRRrrrr… ! A une centaine de mètre de moi, Aude et Fab se font une belle petite plongée, la première de la saison. Après tout, on est le 21 juin et c’est l’anniversaire de mon Commandant. Et si on peu le fêter sur et sous l’eau alors…allons y ! A leurs grandes surprises, les fonds sont bien riches. Calamars, raie torpille, rascasse, oblade, demoiselle, sar...il manquait juste un petit poulpe. La journée continue au snack de la plage, et finit sur mon pont autour d’un bon repas et d’un beau et bon gâteau au chocolat ! Une journée parfaite ! On est bientôt le 23 juin, la St Jean ou plutôt la San Juan est proche. Proche de nous l’agréable ville fortifiée de Ciudadella se prête à la fête. La possibilité de remplir mes réservoirs s’offre à nous. Il était temps et après 3 semaines de mouillages l’eau commençait à se faire rare malgré mes 400l. Au fait, vous vous demandez peut être comment mon équipage se lave ou lave sa vaisselle. La recette consiste à se jeter dans l’eau tout autour de moi, ensuite on shampouine tout ça (tout est à base de produit biodégradable ou le plus naturel possible), on se retrempe dans l’eau et ensuite on rince une dernière fois à l’eau douce (qui grand luxe peut même être chaude si mon moteur à tourné un peu !). Au total moins de 2 litres d’eau douce par personne sont utilisés. Quand à la lessive, c’est réglé ils vivent tout nus ! Mais non…déjà ils ont beaucoup de vêtements surtout qu’à bord on ne se salit pas beaucoup et en été ils sont souvent en maillots. Pour les sous-vêtements 2 litres suffisent dans un seau. Pour tout le reste, on essaye de trouver une laverie ce qui peut vite devenir une grosse mission ! Et voilà, oui oui dans vos maisons terrestres beaucoup trop d’eau douce potable est utilisé!!! Et ne parlons pas des toilettes…! A bord l’autonomie rime avec économie d’eau (en fait c’est des gros faignants ils n’aiment pas s’embêter à remplir mes réservoirs trop souvent !). Mais revenons à notre San Juan et à la Ciudadella. Ses petites places et son dédale de ruelles débordent de charme. La vieille ville est d’ailleurs classée monument historique. Ciudadella, autrefois capitale de l’île, est aujourd’hui deuxième ville de l’île. Au mois de juin, les fêtes de la Saint-Jean, les célèbres colcadas, laissent un souvenir impérissable. C’est, à mon avis, la plus belle ville de l’île. Si vous passez à Minorque, ce serait une grosse erreur de partir sans visiter ce qui était il y a longtemps le centre administratif de l'île, et dont le nom vient du latin (petite ville). Toute la ville possède des bâtiments d'intérêt historique et culturel très bien conservés et grâce à cela, en 1964, la ville a été déclarée ensemble historique-artistique de l'État espagnol. Le long du port il y a de nombreux bars et restaurants avec terrasse où vous pouvez manger des spécialités de Minorque. Si vous allez au port pour déjeuner ou dîner, vous pouvez finir avec une glace ou un «granizado» (boisson glacée) dans le populaire Sa Gelateria. Une des particularités du port de Ciudadella est le phénomène météorologique connu sous le nom de Rissaga , qui a lieu quelques fois par an. Quand il se produit, le niveau de la mer peut osciller de haut en bas sur 2 mètres pendant de courtes périodes de temps. Tout au long de l'histoire il y a eu des Rissagas très destructrices ( comme en 2006 ) qui ont détruit pratiquement tous les bateaux du port de Ciudadella. Outre tous les bars et restaurants, vous pouvez également trouver des boutiques et des petits marchés dans les deux rampes d'accès au port (la rampe de la place Es Born, et les escaliers qui donnent accès au port de Can Faustino). La rue Ses Voltes, également connue comme la rue Josep Maria Quadrado, qui part de la place de la cathédrale est probablement la plus fréquentée et la plus visitée de Ciudadella avec ses nombreux magasins et restaurants de toutes sortes. Et la San Juan ici c’est sacré. Ca rappelle les fêtes de Bayonne ou férias. Mais à l’instar de la Jacqueline le breuvage se nomme Pomada. Il s’agit d’un mélange de Gin Xoriguer produit à Minorque (Mahon) avec de la limonade . Rafraichissant et sucré ça peut vite devenir traitre. Les riverains habillé de bordeaux, chantent, rigolent et … surprennent ou énervent des chevaux. Quoi des chevaux en pleine ville ah bon …. !? Je m’explique, il faut savoir que pendant quelques jours, la ville de Ciudadella devient un lieu unique et spectaculaire. Des gens de toute l'Europe et surtout de la Catalogne s’y rendent. La San Juan est un jour férié dont l'origine remonte au XIVe siècle d’origine à priori religieuse (mais floue). Au fil du temps, certaines traditions ont été ajoutées à la célébration originale pour donner une touche différente à la fête. L'une des particularités est la représentation des différentes classes de la société de l'époque par les cavaliers qui parcourent la ville en costume. Le Caixer Senyor représente la noblesse, le Caixer Capellà représente le clergé, les Caixers Pagesos représentent les paysans et les Caixers Menestrals représentent les artisans. Les festivités de San Joan consistent en une série d'événements répartis sur environ une semaine les jours les plus festifs sont les 23 et 24 juin. Nous y sommes le 23 juin et le "Caragol des Born" à lieux. Des chevaux entourent la Plaça des Born au rythme de la musique live jouée par un orchestre. Toute une foule est rassemblée sous le soleil brûlant du début d’après-midi. Toute personne qui le souhaite peut provoquer un cheval jusqu’à qu’il se cabre. Si un cavalier et son cheval cabre alors la foule l’acclame par un « Olééé ». Si à un moment donné la musique s'arrête, c'est que quelqu'un aurait pu se blesser. Quand le caragol se termine les gens se font la "guerre" à coup de noisettes dans la Contramurada. La nuit, vous pouvez voir le Caragol de Santa Clara, où les cavaliers et les chevaux parcourent les rues de Ciudadella et entrent dans les maisons du peuple. La ville est transformée. Le sable tapissant les rues pour l’occasion se lève en nuage au passage de la foule et des caxiers. Les rues sont méconnaissables. Mon équipage s’est retrouvé à moitié par hasard, dans une rue quand les caixers ont débarqué. Et un cheval stressé et énervé, cabrant à 2-3 mètres de soi fait facilement déglutir… ! Partout les gens font la fête, les familles et voisins se réunissent devant les maisons, l’ambiance est vraiment chaleureuse. Nous ne regrettons pas d’avoir attendu pour voir Ciudadella se transformer le temps d’une soirée. C’est unique ! Tout comme de gagner une énoooorme peluche raton-laveur nommé Juanito ( beh...oui c'est la San Juan !) qui fera le bonheur d'une petite fille ! L’étape Minorquaise touche à sa fin. Allons découvrir Majorque…
A bientôt et bon vent ...
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