17 Juillet au 6 Aout 2018 Une fenêtre météo s’offre à nous. Nos adieux sont faits. Il est 8h40, l’ancre est dans sa baille. Un petit pêcheur lève ses filets, je le contourne... Le ferry « Baléares » nous frôle, mon équipage est enfin réveillé. La petite Ibiza s’éloigne, Carthagène se rapproche. Les quarts de 4 h sont établis. La mer est belle. Le vent plus ou moins d’Est annoncé nous emmène avec du largue, travers ou ciseau et légèrement de moteur. Tout se passe pour le mieux et c’est bien la première fois que toute une traversée se déroule avec si peu de moteur. Les 154 miles nautiques nous séparant la veille de Carthagène sont écoulés. Carrières, grues et forts historiques se disputent le décor. L’approche maritime de Carthagène ne donne par forcément une belle image d’elle aux premiers abords et pourtant… elle regorge d’histoire. De nombreuse civilisation se sont disputée cette ville stratégiquement bien située. Puniques, Romains, Arabes, Catholiques Espagnols ont apporté leurs pierres à l’édifice. L’expression ici prend d’ailleurs tout son sens ! On se surprend à tomber sur un monument historique au bout d’une de ses rues à la fois désordonnées et colorées. Et chose d’autant plus agréable en comparaison avec Majorque et Ibiza, les commerçants sont avenants et souriants… Mon équipage profite de cette escale pour y prendre un bain d’histoire et ça ne manque pas. Oui les bains Romains étaient vides…pfff ! Les romains surnommaient d’ailleurs Carthagène la petite Rome en référence au cinq collines entourant la ville. Chaque colline couronnée bien évidemment d’un monument à leur image… Le théâtre romain quant à lui n’est pas en hauteur mais bien au beau milieu de la ville. Tellement au milieu qu’il avait été envahi de maisons de pêcheurs avant d’être « repêché » pour les fouilles ! Une visite du musée archéologique sous-marin nous plonge dans le passé… On s’y imagine… A noter que la marina où nous séjournons ( Réal Club Regatta) située à gauche en entrant est bien agréable tout en restant abordable, moins de 28 euros pour un 38 pied. En ayant réservé avec Navily (mais c’est peut être une coïncidence) nous avions une place sur les pontons flottant bien sécurisants à l’inverse des pontons en bétons donnant sur la rue ou quelques vols ont pu être répertoriés. Mon équipage reposé, restauré, ravitaillé et cultivé (pour une fois !)… me voici à nouveaux voiles déployées. Le vent régulier de 9 nœuds (rare dans les parages) nous pousse. Joshua barre. Mon équipage s’émerveille devant des Globicephal Melas ! (Ca claque hein !?). Devant la plage de Garrucha le soleil s’exprime... Mes deux ancres me maintiennent face à la houle, nous garantissant une nuit sans lessivage… Après récupération de mes ancres et d’un pare-battage déserteur le vent se renforce. Mon solent n’est pas du tout prêts…les différents bouts se prennent dans le paddle, la drisse de GV passe derrière les barres de flèches…Un classique ! Un petit bord au portant offre un peu de répit à mon commandant déjà trempé à l’avant. Une fois ris pris et solent à poste, mes articulations se sentent moins sollicitées. Ce vent était pourtant prévu…mon équipage le savait mais par flemme tarda à sortir ma petite voile d’avant. On le sait bien… « Si réduire tu hésites, réduire tu dois ». Les bords « carré » s’enchainent. Proche de Carboneras, un môle au sud de la plage de Las Martinicas nous abrite. Le décor des grues minières, du dessalinisateur et de la centrale à charbon est « sublime ». Chose intéressante, la centrale est une des premières à exploiterdes micro-algues stockées dans des tubes afin de récupérer le CO2 rejeté par la centrale. Le projet en est au balbutiement, mais ça fait plaisir de voir que certaines sociétés agissent dans ce sens. Affaire à suivre… Le lendemain ma proue pointe vers la cala San Pedro, tenant son nom du château accroché à la colline. De nos jours vestige, cette forteresse servait autrefois à défendre les lieux priser par sa beauté sauvage et surtout à protéger sa source d’eau potable appréciée des pirates berbères. Aujourd’hui une communauté « hippie », souvent nue, profite des lieux et y vit à son rythme… L’ambiance est peu commune, mais on retrouve quand même les allées et venues incessantes des petits bateaux faisant la navette entre le village et la crique. Quelques jours de dilettante passent. Le 29 juillet nous revoici au près serré. Un vent de 20 nœuds nous tire activement. Les vagues sensiblement rapprochées exercent un effort dans mon gréement. Seulement d’un mètre, elles se font bien ressentir. A l’aplomb de mon mât, mon commandant remarque avec surprise que ma mature pompe (cintrage du mât par intermittence). La reprise du pataras, réduit sensiblement le problème. Problème qui, après recherche, n’en ai pas vraiment un tant que ca reste réglable au pataras ou bastaques. Le mouillage proche de la ville de San José, nous permet de procéder à un petit ravitaillement avant de se déplacer, le lendemain, un mile plus au sud dans la baie de Genoveses. Grande baie, ouverte du nord à l’est, le fond de sable me permet un belle accroche dans 3 mètres. Sauvage et aride, le bleu de la crique contraste avec l’ocre du désert de Cabo de Gata. Pour la petite anecdote, ce désert servit de décor pour le film « Lawrence d’Arabie ». Un super point de vue à l’est de la baie mérite la petite marche. Deux jours plus tard et après 26 miles, notre mouillage prévu à l’entrée du port d’Alméria devient une place de port. Les conditions météo et les points de mouillages relevés ne s’avèrent vraiment pas une bonne idée. Soit on risque de se faire brasser toute la nuit, soit on risque un réveil mouvementé par la Guardia Civil. Le bon coté dans tout ça, c’est bien la douche chaude ! Ca change du seau d’eau de mer et du seau d’eau chaude en guise de rinçage ! Le vent s’engouffre pas mal dans le port, notre départ d’Alméria nous aurait paru impossible il y a 2 ans. Les choses évoluent…tout se passe bien, dans le calme et avec une certaine assurance. Pourvu que ça dure… Une fois dehors, ça moutonne. Cette fois tout est à poste, mon équipage a anticipé. Depuis le début de notre séjour en mai, c’est bien la première fois que nous nous retrouvons dans ces conditions… Le vent oscille entre 25 et 30 nœuds et nous offre des surfs à 9 nœuds ! Le portant dans ces conditions…on en redemande même si par moment la houle parait impressionnante et manque de peu de remplir mon cockpit. Tout le monde y prend du plaisir ! Le port d’Almérimar nous offre à nouveau une bonne douche chaude. Réputé port des « tour du mondistes » fauchés, de nombreux plaisancier y séjournent en attendant le bon moment pour descendre plus au Sud et se lancer dans la Transat. La ville balnéaire, construite pour le tourisme, a vraiment souffert de la crise. Le port est devenu un axe économique indispensable. Voir une ville balnéaire aussi vide un 2 aout fait de la peine. Ville chaleureuse et propre, elle mérite un nouveau départ… C’est dans ce port que mon commandant pêche des coussins d’extérieur Plastimo après avoir surveillé attentivement leur dérive à travers les pannes pendant 24h … Ces 2 coussins rigides attachés ont l’air tout neuf (après un bon nettoyage quand même !) et sont super pratique en navigation. Enfin une pêche fructueuse ! Après Almérimar et jusqu’à Gibraltar la grande majorité des navigations se font au moteur. S’étant engouffrés dans la baie afin de caboter, le vent ne nous suit pas. Ou plutôt nous ne le suivons pas … Sur la route de l’Ensanada de la Herradura on s’essaye à des lancers de leurres dans des bancs de petites chasses (frétillement)…sans résultat. On remarque une grande nappe marron 3 mètres en dessous de la surface !! On en déduit un mélange eau douce/eau salé en rapport au fleuve se jetant dans la mer d’Alboran proche de notre position (partie la plus occidentale de la mer Méditerranée). On espère juste que notre déduction est juste… De l’Ensenada à Marbella en passant par Malaga on est 90 % du temps au moteur ! On regrette presque de ne pas être resté dans le lit du vent. Mais cela ne nous aurait pas permis de voir la côte et d’être impressionnés par le nombre de serres modifiant ce paysage. Cela ne nous aurait pas non plus permis de se demander si en haut de cette montagne, il s’agit de sable ou bien de neige !? Il s’agit en faite de neige éternelle à plus de 3400 mètres ! Oui oui de la neige en Andalousie… ! Peut être aussi que nous n’aurions pas vu ce poisson lune se faire déparasiter à la surface par des mouettes dermatologues ! Bien sur nous aurions peut être vu d’autres choses… Ce qui est plus probable, par contre, c’est que nous aurions surement moins eu de brouillard. A 6 miles de Marbella la brume tombe subitement. La visibilité est réduite à 100 mètres, les cornes de brumes résonnent. Un à la barre, l’autre à l’avant mon équipage inquiet, guette. En dehors du GPS, mon radar se révèle d’une grande efficacité et d’un grand soulagement. Mais encore faut-il savoir le régler correctement, ce qui nous a valu une ou deux surprises ! Terre en vue… ! La plage est toute proche, mon ancre est prête. A présent enfoui sur un fond de sable face à la plage de Fontanilla mon équipage respire, bien que Fabien eu la bonne idée de se couper les cheveux avec une tondeuse plutôt défectueuse. Celle-ci tombe en rade et lui laisse un crâne partiellement en brosse parsemé de grandes touffes. A partir de là, le chapeau est plus que le bienvenue et y a plus qu’à partir en quête d’une nouvelle tondeuse ou d’un coiffeur… Heureusement un « bazar » chinois traine toujours dans les parages… et il retrouve une coupe plus classique. La nuit passe mais la brume persiste. On hésite. On attend. Ca se dissipe. On appareille. La mer miroite. La vie aquatique est bien là. Des thons sautent, un poisson lune se laisse approcher et un énorme banc de dauphins (Delphinus Delphis) nous offre un beau spectacle d’étrave ! Gibraltar approche. Les cibles AIS des cargos au mouillage sont nombreuses. La brume toujours là ne nous facilite pas la tâche. Le retard pris le matin ne rend pas le courant favorable à notre approche. On passera demain. La mer, belle, ne demande pas un mouillage abrité. Et c’est tant mieux, il n’y en a pas vraiment dans le coin. Au petit matin la brume est balayée. Le courant est favorable,on voit le rocher ! Même le Maroc est visible ! Gibraltar se contourne facilement. Nos conditions sont parfaites. Le passage et le slalom entre les cargos reste toujours impressionnant. Nous y voila. Le port d’Alcaidesa est notre point de chute juste au nord de la frontière de ce petit bout d’Angleterre. A bientôt pour la suite en Andalousie !
@ + et bon vent !
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