7 juin 2018 - 15 juin 2018 Le port de Puerto de Fornells est vraiment minuscule. Cependant des corps-morts sont disponibles aux visiteurs pour un prix raisonnable et le mouillage est gratuit... La baie est profonde, bien abritée sauf par Nord ou Nord-Ouest où la houle peut y pénétrer. Mon ancre, bien enfouie sous le sable, (oui oui elle aime bien y faire son petit nid !) m’autorise à rayonner à l’entrée de la baie juste avant le brise-lame du port. L’unique inconvénient de cet emplacement réside dans les allées et venues incessante des jet-ski, charters, petits bateaux de location… Le village de Fornells est très ancien mais son importance historique vient du fait que c’est l’un des ports où débarquèrent les anglais lors de l’expédition de 1798. Ils voulurent y débarquer, mais un vent contraire les en empêcha et le premier débarquement se fit donc à Abbaya. Le vent tourna le lendemain, permettant alors au contre-amiral Duckworth de prendre Fornells. Le petit village pittoresque n’offre que les ressources de base. Les ruelles blanches sont garnies de petites boutiques accueillantes. La saison touristique n’a pas trop débutée, les rues sont calmes. 8 juin 2018 Le bar-tapas où mon équipage se régale le soir est plutôt familial, l’ambiance est joviale. Les enfants jouent au foot dans la ruelle. Les portes de garages se transforment en cages de gardiens. Ce mouillage c’est aussi l’occasion de tester leur nouveau « paddle-kayak-planche à voile » gonflable. L’étape préférée de ma Capitaine étant bien sur le gonflage. Aller aller encore un petit effort ! Pendant ce temps mon Commandant profite d’une bonne Estrella, la bière locale, afin d’écrire un article sur les bancs de la crique municipale. Le 10 juin, nous décidons de commencer notre escapade « Minorquaise » par l’est de l’île. Le vent Sud-Est nous oblige à tirer des bords. Chose rare depuis le début de la Kawanerie, je rattrape et dépasse un autre voilier. La mer est agitée. Les 15 nœuds de vent suffisent pour m’appuyer face aux vagues mais il n'en faut pas moins. La houle d’un mètre est relativement serrée. Le période entre chaque crête est courte (environ 5s). Cette houle nous la devons notamment au Sirocco (vent du Sud) qui persiste depuis plusieurs jours. Seulement le Sirocco c’est aussi un vent poussiereux, chargé de sable… qui a tendance à me repeindre en beige ! Après 20 miles, c’est la cala Rambla qui nous servira de gîte. La crique ouverte au Nord et Nord-Est est grande, mais nous sommes seuls. Le vent est censé tourner dans la nuit ainsi que le lendemain. Abrité du Sirocco, nous ne le somme pas de la houle qui tourne et s’engouffre dans la baie. Mon équipage profite de ma deuxième ancre pour se maintenir face aux vagues et ainsi éviter de se retrouver dans une machine à laver. Il faut savoir que si par malheur le vent me place parallèle à la houle, aussi faible qu’elle soit, celle-ci peut me faire danser à rendre fou mes occupants. Et je pense que c’est le cas pour de nombreux bateaux. Si une deuxième ancre n’est pas possible, il est possible d’utiliser la technique de « la patte d’oie » tant que le vent reste faible. La nuit tombe, le ciel est clair…pas longtemps. Des flashs se font visible au loin. Un orage se prépare…pourvu qu’il ne se pointe pas sur moi ! On n’aime pas trop ça … ! Un point météo permet de voir que l’indice Cape et Cin sont plutôt élevé dans la zone, on risque de se le prendre… Trente minutes plus tard, flash…1…2…3…4…5…BRRRrrrrrouuummm ! Ca se rapproche ! Il est temps de rentrer et de tout fermer. Par contre il est peut être un peu tard pour débrancher l’électronique, il est quand même vachement proche ! Tant pis, logeons-nous dans la cabine avant, bien fermé contre tout courant d’air, et attendons… La vue du mât par le hublot est impressionnante quoique très effrayante. Les éclairs partent vers la droite, la gauche, le bas…, flash…1…2…3BRRRrrrrrouuummm…calme…il a du passer…calme… toujours pas de bruit d’abeille dans la mâture…flash…1…BRRRRROOOOUUUMMM !!! Oh non il est bien là…, flash…1…2…BRRRrrrrrouuummm ! Ça a duré deux bonnes heures qui ont semblé une éternité ! Il faut savoir, qu’un bateau en métal (aluminium pour moi ) est normalement plus protecteur pour l’ensemble de l’équipage ainsi que tout ce qui se trouve à l’intérieur tant qu’il ne sont pas en contact avec mon alu. A l’inverse des coques en polyester, les coques en métal agissent comme une Cage de Faraday, c'est-à-dire que l’éclair frappant la cage ne passe pas dans la cage ou à travers la cage mais autour de celle-ci pour rejoindre le plus rapidement possible la terre ou l’eau. Sur une coque polyester ou non métallique, l’éclair frappant le mât (celui-ci étant isolé de l’eau par le polyester ou autre de la coque ) va chercher un passage vers l’eau et si ce passage est freiné par une matière non conductrice alors tout ce qui peux être conducteur à l’intérieur du bateau ( équipage notamment) peut lui être utile pour atteindre l’eau . C’est pour cette raison qu’il est fortement recommandé de relier le mât à la quille par un câble conducteur ou/et un hauban à un chaîne trempant dans l’eau lors d’un orage à bord d’un bateau non-métallique. Bien sur, tout ça c’est de la théorie mais bon ça rassure quand même un peu ! N’empêche qu’on ne faisait pas trop les malins … et j’ai regretté de ne pas avoir une grande couette pour me cacher dessous moi aussi ! Bah quoi ça doit vachement chatouiller de faire cage de Faraday hein ! Bon l’orage se décide enfin à partir … et là … l’ancre arrière décide de nous lâcher et c’est la houle qui nous malmènera de bâbord à tribord jusqu’au petit matin … décidément ce mouillage est magnifique mais pas très reposant ! Malgré une nuit plutôt agité mon équipage part pour une petite aventure pédestre. Sur la plage une barrière de posidonie morte protège naturellement là côte de l’érosion. Derrière, le sable fin et chaud réchauffe les pieds. Deux petites maisonnettes forment une parenthèse à ce petit paradis. Les gens sont nus. L’odeur du maquis réveille les sens, les souvenirs, pour en créer d’autres. Les petites barrières arrondies, propres à l’île, bordent le chemin. Mon équipage m’observe. Le chemin est agréable, ils prennent de la hauteur. Sans savoir où ils vont, ils continuent jusqu’à Es Grau. L’arrivée se fait par la plage. D’autres gens sont nus, on comprend pourquoi les Grecs anciens appelaient l’archipel Gymnésia de Gymnètes (hommes nus). Le village est vraiment tout petit, très authentique. Les pêcheurs disposent d’un local juste en face de leur barque. Plutôt pratique ! Un petit rafraichissement à l’ombre et les voilà sur le chemin du retour pour 4 petits kilomètres. Je les vois à nouveau tout à l’air d’aller pour eux. Pour moi aussi d’ailleurs. Après le sauvetage d’une éponge de cuisine suicidaire, il est temps pour nous de continuer vers le Sud. La route se fait au travers. Par 15 nœuds de vent je file à 7 nœuds. Un petit coup de Nord (Mistrael) est prévu dans 2 jours. On choisit la Cala Taulera à l’entrée de la baie de Puerto de Mahon pour passer sereinement cet épisode Nordique. Il s’agit d’une anse longue et étroite offrant une protection totale par 6 m ou moins. Le fond est un mélange de sable et vase. L’entrée de la baie ouverte au Sud-Est est entourée de vestige fortifié. Des canons situés sur le haut de la colline, coté fort Isabelle II, sont visible en arrivant du Nord. Ce n’est pas le moment de hisser le drapeau noir ! Bizarrement nous ne sommes pas les seuls à s’abriter ici face au Mistral. On se faufile. Notre place est choisie. C’est joli, une tour de garde magnifiquement préservée pointe à l’Est. Avec moins de monde, un fond uniquement de sable et l’absence de passage des charters l’endroit serait parfait (non on n’est pas du tout exigeants !). Afin de rejoindre la ville, l’annexe est nécessaire. Il faut bien compter 1 mile pour rejoindre l’autre coté de la baie et profiter de la ville. Mon équipage laisse mon annexe à Cala Corb, bien qu’il soit possible de la laisser à Cala Font. L’ajuntement del Castel (arrondissement de Mahon) offre le nécessaire pour se ravitailler en nourriture et vider ses ordures, tris compris. Les petites boutiques de produits locaux sont bien présentes. Un délicieux saucisson fait de l’œil à mon Commandant et il n’est pas le seul. Oranges bien juteuses, fromages fumés, gâteaux noisettes « La Granja » pour le petit déjeuner…le sac ressort bien alourdi. La place centrale bordée de bâtiments coloniaux est agréablement vivante. Les gens rigolent, les jeunes jouent, d’autres trinquent ou regardent le monde qui les entoure. Le soleil de fin de journée éclaire les façades de son jaune le plus chaud. Le port bordé de restaurant n’a rien à envié au port principale de Mahon. Les boutiques pour la plupart de vêtements sont splendides. Leurs murs blancs aux formes arrondis appellent ne serait ce qu’à la visite. Un guitariste glisse mélodieusement ses notes à l’ambiance. Tout se prête à profiter d‘un bon repas. Cette escale est également l’occasion de visiter le fort Isabelle II. La forteresse a été construite entre 1870 et 1875. En 1848, le gouvernement espagnol a décidé de construire le Fort de Mahon sur la Mola à l'entrée de la baie. La France et l'Angleterre se disputaient le contrôle de la méditerranée car les deux pays voulaient les points stratégiques que sont les carrefours des routes maritimes; ainsi il fallait protéger le port de Mahon d'une potentielle invasion par ces derniers. La construction de la forteresse se prolongea par la suite pendant 25 ans, afin d'assurer une meilleure défense. Nous arrivons un peu tard, il nous reste une heure pour une visite qui prend normalement deux heures. La fraicheur et la faible luminosité des tunnels laissent un sentiment étrange. Les anciennes poudrières épaulées de leur puits de ravitaillement sentent l’humidité. La mousse et la végétation tapissent leurs murs. Les meurtrières promènent l’imaginaire vers des temps bien plus anciens. Bien que ce fort n’ai pas vraiment eu besoin de défendre ces terres, la pierre chargée d’histoire ne laisse pas indifférent. Mais ce qui marque le plus mon équipage, c’est la vue du fort face au soleil couchant. Mahon, la capitale de l’ile, se situe quasiment au fond de la baie à 2 miles de mon mouillage. Une petite visite s’impose et comme cité précédemment, le port n’a rien d’exceptionnel. De gros yacht serpentent entre les pontons et la route séparant les restos du quai est un peu trop fréquentée. Mahon fut fondée pendant l’occupation carthaginoise tout comme la ville de Ciutadella sur la cote Ouest. Mais les deux étaient sans doute utilisées par les marins depuis des temps immémoriaux. Pour la petite anecdote, il faut savoir qu’en 1756 une armée française débarqua près de Ciutadella et traversa l’ile pour assiéger la forteresse de San Felipe proche de Mahon, jusqu’à qu’elle se rende. Richelieu qui avait commandé cette invasion victorieuse en 1756, se fit servir au banquet fêtant la victoire à Paris une sauce appelé « mahonesa », inspirée de la sauce locale « aïoli ». Inventé par son chef cuisinier lorsqu’il était sur l’ile, elle est devenue l’universelle mayonnaise. Le centre ville historique mérite cependant une petite balade. Les rues sont bordées de maisons colorées et jalonnées de terrasses de cafés. A 30 minutes de marche de la ville se dresse un lieu mêlant curiosité et fascination. A l’instar de ces îles jumelles, Minorque possède la plus grande concentration de vestiges préhistoriques de toute la Méditerranée, et peut être même d’Europe. L’île abrite de nombreuses grottes et villages du néolithique et de nombreux monuments mégalithiques, Talayots (Tours de pierres), Navetas (tertres funéraires ) et Taulas ( monuments en forme de T ). Ces vestiges sont probablement construits dans un but religieux et funéraire par la civilisation de l’Age de Bronze qui occupait ces terres avant que les Ibères ne s’y installent. Certains ouvrages parle même de monuments en l’honneur de géants ayant peuplé l’île. Les Taulas sont aux yeux de mon équipage les plus captivant. Comment ces pierres de plusieurs tonnes ont pu être assemblé à une époque si ancienne ? D’autant plus que l’équilibre de ces deux pierres semble parfait . Quel est le secret de ces vestiges ? On a envie de croire en la magie ! L’énergie des lieux est saisissant. Entouré d’ancienne petites maisons datant de la même époque ces monuments inspirent le respect. De retour à Mahon, la douceur du soir s’installe. Une terrasse, une Estrella…l’instant est parfait . Pour le repas, c’est à la terrasse du Mirador que mon équipage dégote une place. Les tapas y sont délicieux, mais c’est surtout l’ambiance qui les attire. C’est un peu « The place to be… ». On à l’impression que c’est le repère de l’after-work ! De 7 à 77 ans tout le monde en profite. Les enfants dévalent la rue piétonne à dos de trottinette. Ça crie, ça pleure, ça s’embrasse, ça rigole… ! Ça aboit…oui oui y a des chiens aussi avec leurs punks ! A l’intérieur de la salle une séance d’improvisation excite les zygomatiques des locaux, mon équipage n'y comprend pas grand chose mais regarder le public est déjà un spectacle pour eux. L’endroit est idéale pour une bonne soirée. La suite arrive très vite...bon vent !
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